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« L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser, et c’est bien en vain qu’on l’appelle s’il lui convient de refuser. » C’est avec ces lignes que la Carmen de Georges Bizet fait irruption sur scène, déclarant que l’amour est sauvage, indomptable et indifférent au désir humain.
Tel est le cœur de Carmen : une histoire d’attirance irrésistible et de liberté mortelle, avec pour toile de fond les rues ensoleillées de Séville. Près de 150 ans après sa création, Carmen reste l’une des œuvres préférées des amateurs d’opéra. Selon OperaBase, il s’agit du troisième opéra le plus joué au monde, avec 19 405 représentations de 4686 productions, dont 232 au Canada.
Les débuts de Carmen
Composé par Georges Bizet sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, Carmen a été créé le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique de Paris. Inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, l’opéra de Bizet défie les conventions de l’opéra-comique en remplaçant la légèreté par le réalisme, la gravité et la tragédie. Les premiers spectateurs et critiques ont été scandalisés par la description crue de la passion, du crime et de la mort. La production a connu des difficultés à ses débuts. Bizet est mort tragiquement d’une insuffisance cardiaque à l’âge de 36 ans, sans savoir que son opéra deviendrait bientôt un monument du répertoire. Alors que le public européen a été séduit par la puissance et l’innovation de Carmen, l’opéra a été rapidement reconnu pour son orchestration magistrale et ses mélodies inoubliables, consolidant ainsi sa place dans l’histoire de l’opéra.
Intrigue
À Séville, le soldat Don José entre dans une liaison avec la séduisante gitane Carmen, qui travaille à l’usine de cigarettes locale. Elle l’enchante par son esprit libre, symbolisé par son emblématique Habanera. Arrêtée après avoir provoqué une bagarre, Carmen charme José avec la Seguidilla pour l’amener à la libérer. La passion de José le pousse à abandonner son devoir militaire et à rejoindre Carmen et une organisation de contrebandiers. Entre-temps, le toréador Escamillo arrive, sa présence audacieuse étant soulignée par les célèbres Couplets du toréador, et il se dispute lui aussi l’affection de Carmen. La jalousie et l’obsession rongent José alors que l’amour de Carmen se tourne vers Escamillo. Micaëla, l’amour d’enfance de José, le supplie de revenir au chevet de sa mère mourante. Finalement, Carmen éconduit José qui, dans un accès de rage durant le combat triomphal d’Escamillo, la tue.
Les enregistrements à écouter
La Habanera (« L’amour est un oiseau rebelle ») incarne l’esprit indompté de Carmen. L’interprétation légendaire de Maria Callas à l’Opéra de Paris en 1964, sous la direction de Georges Prêtre et dans une mise en scène de Franco Zeffirelli, reste grandiose. L’interprétation sulfureuse d’Elīna Garanča au Metropolitan Opera en 2010, dirigée par Yannick Nézet-Séguin et mise en scène par Richard Eyre, est également devenue une référence moderne.
« La fleur que tu m’avais jetée » exprime la nostalgie de Don José. L’enregistrement de Plácido Domingo en 1978 avec le London Symphony Orchestra, dirigé par Claudio Abbado et mis en scène par Jean-Pierre Ponnelle, se distingue par sa vulnérabilité et sa chaleur. L’interprétation de Jon Vickers dans la vidéo du Festival de Salzbourg de 1967 en restitue tout le drame.
L’aria de Micaëla (« Je dis que rien ne m’épouvante ») apporte souvent un moment de grâce au cœur de la tourmente. L’interprétation de Régine Crespin dans la production du Metropolitan Opera de 1963, dirigée par Thomas Schippers et mise en scène par Jean-Pierre Ponnelle, met en valeur son timbre lumineux et sa sincérité émotionnelle.
Enfin, l’interprétation de « Votre toast, je peux vous le rendre » de José Van Dam dans l’enregistrement de 1980 avec l’Orchestre national de France, sous la direction de Seiji Ozawa, mise en scène de Louis Erlo, est vivement recommandée.
Les chœurs
Les chœurs de Carmen sont également de véritables joyaux qui enrichissent le récit d’une atmosphère vivante. Le chœur des fumeuses de cigarettes donne vie à la cour animée de l’usine par des plaisanteries enjouées, tandis que le chœur des contrebandiers ajoute de l’intrigue et de l’excitation. Le plus frappant est le chœur qui chante la liberté, un moment exaltant qui reflète non seulement le désir de liberté des personnages, mais aussi les thèmes plus profonds de l’opéra, à savoir l’indépendance et la rébellion. Pour écouter ces chœurs, il est recommandé d’écouter l’enregistrement de l’Opéra de Paris de 1964 sous la direction de Georges Prêtre.
Enregistrements complets
L’enregistrement de 2009 avec Roberto Alagna dans le rôle de Don José et Béatrice Uria-Monzon dans le rôle de Carmen, dirigé par Michel Plasson et mis en scène par Nicolas Joël au Théâtre du Capitole de Toulouse, offre une interprétation passionnée et moderne de ce classique. L’enregistrement historique de 1930 avec Georges Thill dans le rôle de Don José et Germaine Cernay dans le rôle de Carmen, sous la direction d’Elie Cohen avec l’Orchestre du Conservatoire de Paris, est un document extraordinaire qui incarne le style français et l’authenticité d’une époque révolue.
Interprètes canadiens
L’interprétation exceptionnelle de Don José par Richard Verreau peut être entendue dans son enregistrement de 1958 à la CBC avec l’Orchestre symphonique de Montréal, sous la direction de Jean-Marie Beaudet. Son phrasé fluide et sa diction française élégante font de cet enregistrement un exemple précieux de l’art canadien dans l’opéra français. De plus, le baryton Claude Corbeil a donné de la force au rôle d’Escamillo dans les productions de l’Opéra de Montréal des années 1980, sous la direction de Raffi Armenian. La soprano Pierrette Alarie et le baryton Louis Quilico ont également offert des prestations mémorables sur les scènes et sur les ondes canadiennes.
Le Nouvel Opéra Métropolitain présente Carmen de Bizet le 7 juin, à 19 h 30, à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue, Longueuil. Une distribution canadienne de renommée, composée de Marie-Nicole Lemieux (Carmen), Étienne Dupuis (Escamillo), Emmanuel Hasler (Don José), Suzanne Taffot (Micaëla), Catherine St-Arnaud (Frasquita), Florence Bourget (Mercedes), Dominique Côté (Dancaïre), Thomas Vinals (Remendado), Dion Mazerolle (Zuniga) et Pierre Rancourt (Morales). Jean-Marie Zeitouni dirige l’Orchestre du Festival Classica. Mise en scène d’Isabeau Proulx-Lemire.
Traduction: Andréanne Venne
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