Navigation sur: Critiques de disques et livres

Jules Massenet : Grisélidis Vannina Santoni, soprano; Julien Dran, ténor; Thomas Dolié, Tassis Christoyannis et Thibault de Damas, barytons; Antoinette Dennefeld et Adèle Charvet, mezzo-sopranos; Adrien Fournaison, basse. Orchestre national Montpellier Occitanie; Chœur Opéra National Montpellier Occitanie; Jean-Marie Zeitouni, chef Bru Zane, 2024 Les amateurs de Donizetti aimeront découvrir L’aio nell’imbarazzo, un opera buffa créé en 1824 et qui fut repris un peu partout en Europe pendant quelques années, en faisant le premier vrai succès durable du compositeur. Mais l’œuvre pourrait plaire aussi aux amateurs de Rossini, qui à l’époque régnait en maître sur toutes les maisons d’opéra d’Europe, alors que…

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Infini Elisabeth St-Gelais, soprano; Louise Pelletier, piano. Georges Bizet, Cécile Chaminade, Henri Duparc, Francis Poulenc, Camille Saint-Saëns, compositeurs ATMA Classique, 2024 On entend parler de plus en plus de la soprano Elisabeth St-Gelais : nommée Révélation Radio-Canada 2023-2024, elle a remporté par la suite le prestigieux Prix d’Europe en 2024. On en entend parler… et on l’entend chanter, de cette voix ample et généreuse qu’on imagine résonner un jour sur des scènes importantes. On peut donc ressentir un certain étonnement en découvrant son premier enregistrement officiel, constitué de sept mélodies françaises qui évoquent plutôt l’intimité d’un salon. Une fois cet étonnement…

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La soprano égyptienne, qui vit entre Londres et Berlin, avait réuni des mélodies classiques occidentales et arabes sur son premier disque, illustrant le brassage musical autour de la Méditerranée. Son aisance à naviguer entre les deux cultures est enviable. Passer de la précision microtonale du maqâm à la luxuriante Shéhérazade de Ravel au fil des morceaux est un acte de transcendance culturelle ébahissant, qu’elle a réalisé sans le moindre faux pas. Le nouvel effort de Saïd est purement allemand : Schubert, Mendelssohn, Schumann et Brahms. Difficile de dire lequel elle adore le plus. Le morceau d’ouverture, Ständchen, à la fluidité…

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Le retour du jazz Space-Age Quelqu’un a dit un jour que le big band était au jazz ce que l’orchestre symphonique était à la musique classique. En effet, le big band joue souvent un rôle de gardien du passé, notamment avec les formations qui perpétuent un répertoire particulier (les fameux ghost bands) parfois pendant des décennies. Cependant, si le Sun Ra Arkestra correspond en partie à ce rôle, c’est en réalité un bien étrange exemple, comme le montrent des images marquantes de cette cohorte d’hommes, âgés pour la plupart, vêtus de robes chatoyantes et jouant de vieux morceaux swing ou…

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La Symphonie no 7 a été la plus incomprise des symphonies de Mahler et la dernière enregistrée. Bruno Walter, le plus fidèle apôtre de Mahler, ne l’a jamais exécutée. Otto Klemperer, le second, l’a étirée de 20 minutes. À 75 minutes, la patience des auditeurs est mise à rude épreuve. La symphonie comporte cinq mouvements, deux d’entre eux étant qualifiés de « musique de nuit », mais pas au sens mozartien. La partition prévoit un cor ténor, des sonnailles, une guitare et une mandoline. Arnold Schönberg a perçu dans ces teintes rappelant Klimt la palette fondamentale du modernisme et a…

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Si vous vous préparez à prendre un bon bain chaud, faites jouer l’un de ces disques et plongez votre corps du mois de janvier dans un monde imaginaire impérissable. Ce que Hahn et Gál ont en commun, outre un nom d’une syllabe, c’est leur fidélité résolue au langage musical dans lequel ils ont baigné étant jeunes. Hahn, Vénézuélien d’origine et amant de Marcel Proust, compose des évocations de ce temps perdu avant la Première Guerre mondiale. Le quatuor à cordes et le quintette avec piano de cet album, chacun composé directement après une guerre mondiale, pourraient facilement être confondus avec…

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La mort du compositeur Alexander Goehr en août dernier a rappelé aux nécrologues les contributions vitales à la culture britannique insulaire de son père Walter Goehr, réfugié. Walter a travaillé comme chef d’orchestre pour EMI et pour l’un des orchestres les plus faibles de la BBC. On se souvient surtout de lui pour avoir donné en 1953 la première britannique de la Turangalîla Symphonie d’Olivier Messiaen, mais il a également introduit toute une série de nouveautés, de Monteverdi à Mahler, de Schoenberg et Stravinski à Britten et Tippett. Le premier choc que l’on ressent en entendant Das klagende Lied et…

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À quoi sert un centenaire s’il ne rétablit pas une réputation ? Cent ans se sont écoulés depuis la mort du Germano-Italien Busoni à Berlin et, bien que nous ayons entendu son énorme Concerto pour piano dans les salles de concert en 1924, rien d’autre ne s’est produit pour changer la perception générale selon laquelle Busoni était un formidable pianiste avec de grandes idées qui ne se traduisaient pas nécessairement par une musique d’une valeur durable. Deux enregistrements d’œuvres pour piano renforcent cette image. Le pianiste allemand Wolf Harden a atteint le volume 13 dans sa quête de l’intégrale des…

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Cela fait 30 ans que j’ai entendu György Ligeti expliquer pourquoi il permettait que son premier quatuor à cordes soit joué après quatre décennies passées dans un tiroir. Ce quatuor, composé en 1954, était trop proche de ses sources. « C’est le septième de Bartók, a déclaré Ligeti, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas une si mauvaise chose. » Intitulé Métamorphoses nocturnes, le quatuor fait entendre des insectes bourdonnants, des herbes chuchotantes et bien d’autres choses qui se bousculent dans la nuit. Au milieu de ces bruits sauvages, on trouve des lignes mélodiques nostalgiques et un…

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Migrant Voices Itamar Erez et Hamin Honari Indépendant, 2024 Vu le contexte dramatique au Moyen-Orient, l’album Migrant Voices du duo Itamar Erez, guitariste canadien d’origine israélienne, et Hamin Honari, percussionniste canadien d’origine iranienne, démontre que l’art peut transcender les clivages doctrinaires guerriers pour donner une résonance salutaire aux voix peu audibles des acteurs de paix en ces temps tragiques. À l’exception de la pièce-titre, l’album est composé d’improvisations libres. Et c’est précisément là que réside son grand mérite. Itamar Erez (guitare, requinto et bandola) et Hamin Honari (tambour, daf, tombak et diverses cymbales) démontrent que l’interaction spontanée entre ces instruments…

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