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Chandos5
ARC Ensemble : Erika Raum et Marie Bérard, violons; Steven Dann, alto; Thomas Wiebe, violoncelle; Joaquin Valdepeñas, clarinette; Kevin Ahfat, piano
Chandos, 2024
The Chamber Works of Frederick Block est le dernier album de l’ARC Ensemble consacré à la musique d’artistes oubliés ou réduits au silence. La carrière du compositeur juif viennois Frederick Block a été interrompue par l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en 1938. Traditionaliste et détestant Schoenberg, la musique de Block est profondément ancrée dans la tradition romantique. Pourtant, ces pièces ne sont en aucun cas des pastiches d’une époque révolue; elles sont construites dans un langage musical très complexe et original. L’ARC Ensemble a non seulement découvert ces manuscrits oubliés d’un siècle déchiré par la guerre, mais leur a insufflé une nouvelle vie grâce à une interprétation magistrale.
Block a une capacité unique à combiner une variété d’idiomes tonaux et semi-tonaux d’une manière rafraîchissante. Si le directeur artistique Simon Wynberg cite Mahler, Strauss et Korngold comme les plus grandes influences de Block, j’ai également entendu des notes de Chostakovitch et même de Debussy dans ces morceaux. Le quatuor à cordes est orchestré avec des lignes mélodiques qui s’entrecroisent de manière ornementale, ce qui lui confère une texture plutôt impressionniste. Pourtant, les pièces possèdent toujours une palette harmonique typique de la fin du romantisme.
Ce qui est peut-être le plus frappant dans la musique de Block, c’est la force de ses mouvements lents. Alors que les largos et les adagios de Mahler et de Chostakovitch peuvent parfois ressembler à des siestes au milieu d’une œuvre, les mouvements lents de Block ont toujours un mouvement vers l’avant. Les changements harmoniques rapides de l’adagio du Trio pour piano n° 2 de Block imprègnent la pièce d’énergie et de dynamisme; les lignes chromatiques descendantes au milieu du mouvement libèrent efficacement la tension dramatique accumulée.
Bien que l’auditeur soit fortement sollicité par l’interaction d’idiomes reconnaissables, la musique de Block n’exige pas de se surmener. Cette musique n’est pas aussi intellectuelle que le sérialisme de Schoenberg ou aussi ambitieuse que les opéras de Wagner. Bien que magistralement élaborées, les compositions de Block semblent simplement destinées à captiver et à ravir. Dans le livret d’accompagnement, Wynberg cite l’influent critique Helmut Fiechtner qui a décrit Block comme un « compositeur qui n’appartenait à aucune école ni à aucun mouvement, qui ne voulait rien prouver par sa composition… mais qui, avec une main infatigable, terminait œuvre après œuvre sans se soucier de la critique, du succès, et même des représentations, malheureusement ».
Heureusement, l’ARC Ensemble a découvert la musique de Block et lui a donné l’interprétation exquise qu’elle mérite.
Traduction : Andréanne Venne
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