Quelques semaines seulement après le décès tragique de son chef historique Boris Brott, l’Orchestre classique de Montréal a eu le courage de remonter sur scène, le 28 avril, pour un concert rempli d’émotion. Très affecté par la mort de son ami Boris, le directeur général de l’OCM, Taras Kulish, a demandé une minute de silence dans son discours d’ouverture tandis qu’un immense portrait du défunt chef d’orchestre était projeté sur le panneau central derrière lui.
Afin de prolonger ce moment de recueillement, le public de la salle Pierre-Mercure a été invité à ne pas applaudir l’entrée en scène de la soprano Karina Gauvin et du chef Matthias Maute qui avait accepté de diriger exceptionnellement l’OCM avec le renfort de quelques musiciens de l’Ensemble Caprice. À n’en pas douter, cet hommage restera gravé dans les mémoires des spectateurs et des musiciens présents.
Le programme du concert gravitait essentiellement autour du répertoire lyrique et instrumental de Haendel. Après un émouvant “Lascia ch’io piango” interprété mezzo piano par la chanteuse, l’OCM a entamé la troisième suite de la célèbre Water music. Par ses gestes amples, Matthias Maute a tenté d’insuffler aux musiciens un surplus d’énergie dont ils avaient certainement besoin à ce moment-là. Avant l’entracte, l’Arabesque d’Alexander Brott, père de Brott, a revigoré l’OCM et nous a surtout permis d’admirer le jeu tout en fougue de la violoncelliste solo Chloé Dominguez.
Au retour de la pause, les instrumentistes à vents de l’Ensemble Caprice sont venus étoffer les rangs de l’orchestre dans la deuxième suite de Water music, et ce, avec beaucoup d’entrain.
L’air “Sweet bird, that shun’st the noise of folly” a vu le retour de Karina Gauvin en duo avec la flûtiste Sophie Larivière. L’un des meilleurs moments de la soirée, tout en finesse et virtuosité.
Une création de Jaap Nico Hamburger s’en est suivie, en présence du compositeur et avec la participation de Matthias Maute à la flûte. Le mariage entre les passages de musique contemporaine et ceux d’inspiration baroque nous a semblé un peu… baroque, mais l’œuvre s’intégrait tout de même très bien au programme. Elle a aussi été présentée avec beaucoup d’éloquence par son compositeur.
Enfin la dernière pièce, “Let the bright Seraphim”, a réuni tous les interprètes dans une très belle célébration musicale. Elle a donné lieu à une amusante complicité entre l’orchestre et Karina Gauvin, celle-ci appelant de ses voeux, dans le texte, que les trompettes des anges résonnent.
Haendel pour toujours
Karina Gauvin, soprano ; Chloé Dominguez, violoncelle. Orchestre classique de Montréal, musiciens de l’Ensemble Caprice; Matthias Maute, chef. Salle Pierre-Mercure, jeudi 28 avril.