OSM: le cycle Mahler se poursuit avec la Symphonie no 1

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Les 21 et 23 septembre, l’Orchestre symphonique de Montréal poursuit son cycle de Mahler avec la Symphonie no 1 en ré majeur, dite « Titan ». Au programme également, Icarus de Lera Auerbach, d’après le célèbre mythe de la Grèce antique, et le Concerto pour piano no 3 en do majeur de Prokofiev mettant en vedette le pianiste Alexander Malofeev.

Ce concert double fait suite aux trois autres de la saison dernière, qui avait vu notamment l’interprétation de la Symphonie no 2 en do mineur, dite « Résurrection », en guise de concert d’ouverture.

L’OSM sort renforcé de sa première semaine de saison 2023-2024, marquée par « Le Sacre du Printemps par Rafael Payare. » Dans sa campagne marketing, l’administration avait mis l’accent sur cette grande œuvre du répertoire moderne pour orchestre, née dans la tournante à Paris en 1913, et c’est effectivement elle qui a fait bondir la foule! L’énergie débordante avec laquelle le chef vénézuélien a dirigé les musiciens était certainement inspirante et ses coups de baguette, d’une précision chirurgicale pour indiquer aux nombreux instruments solos toutes leurs entrées.

Les organisateurs avaient pris soin de projeter le titre de chaque section sur l’écran fixé au-dessus du chœur : introduction, danse des adolescentes, jeu du rapt, rondes printanières, jeu des cités rivales… ces intertitres nous rappelaient les origines de l’œuvre, d’abord conçue comme une musique de scène pour les Ballets russes de Serge Diaghilev.

Les débuts sont tantôt menaçants, tantôt épeurants. Il faut attendre les « rondes printanières » pour trouver enfin un moment de sérénité. Le primitivisme reprend toutefois rapidement ses droits dans la seconde partie du Sacre, celui-là même qui avait tant scandalisé le public de l’époque, mais qui aujourd’hui apparaît comme une superbe audace pour révolutionner un répertoire symphonique jusque-là encombré par l’abondance de formes et de conventions.

Cette sensation d’énergie brute est montée graduellement au fil de la soirée. Les instruments, jouant d’abord avec une certaine retenue, se sont débridé devant les emportements contagieux de Payare pour parvenir à un finale explosif, au plus grand plaisir des spectateurs. Un vrai moment de communion entre l’OSM et son public, qui aurait certainement redemandé un autre morceau.

En première partie de concert, les musiciens de l’OSM interprétaient la Messe glagolitique de Janáček, une œuvre rarement représentée et dont la modernité brute s’alliait parfaitement avec le Sacre. D’emblée, la section des cordes nous a offert un son généreux et une ambiance de musiques de films qui présage d’autres concerts de la saison, notamment celui consacré aux Planètes de Gustav Holst (27, 28 septembre & 1er octobre). Le chœur de l’OSM, qui avait déjà brillé lors de la Virée classique dans les Carmina Burana, a de nouveau fait parler sa force, sa masse sonore et l’unicité de ses différents pupitres. Le Credo est apparu comme un moment exceptionnellement serein à l’intérieur d’une œuvre globalement extatique, comme en témoignent les passages virtuoses à l’orgue. Dans le Sanctus, la musique a pris une tournure plus dramatique et accentué un peu plus le caractère moderne de cette messe, qui est tout sauf sacrée. Le ton est donné pour la saison à venir!

Pour assister à la continuation du cycle de Mahler, vous pouvez vous procurer des billets au www.osm.ca/fr/concerts/rafael-payare-et-la-symphonie-titan-de-mahler

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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