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Max Reger (1873-1916) est né à un moment de profonds changements, alors que tous les aspects de l’expérience humaine – sociaux, politiques et culturels – étaient remis en question. Cela s’est reflété dans la musique classique du tournant du siècle, alors que les compositeurs manœuvraient dans la tension entre la tradition et la modernité.
Paul Hindemith a qualifié Reger de « dernier des géants » et dit de sa propre musique qu’elle serait « inconcevable » sans l’influence de Reger. Schönberg le considérait comme « un génie ». Durant sa courte vie, Reger a composé plus de 1000 œuvres dans la plupart des genres et pourtant, il est moins connu des publics que ses que ses contemporains Rachmaninov, Scriabine, Ravel, Richard Strauss ou Bartók.
« Reger révère le passé, mais cherche à écrire pour l’avenir. Le public, l’histoire, la musicologie donnent plus d’importance à quelqu’un qui rompt avec les conventions qu’à quelqu’un qui les mène plus loin », affirme Philippe Bourque, qui dirigera le Chœur et l’Orchestre du Chœur St-Laurent dans le monumental et brillant Psaume 100 le 11 mars, dans ce qui pourrait être une première présentation au Canada.
Le Psaume 100 a été composé pour le 350e anniversaire de l’Université d’Iéna, où Reger devait aussi recevoir un doctorat honorifique, lequel, dit Bourque, devait revêtir une grande signification pour lui. L’œuvre pourrait être son legs – le chef-d’œuvre qu’il voulait laisser au monde. « Il a pris l’un des passages les plus joyeux qu’on puisse trouver dans la Bible. Cette composition est l’un de ses plus accessibles – nous retrouvons sa dévotion à Bach, un beau savoir-faire, de la joie, du recueillement. On ressent tout cela et on obtient un aperçu de ce que Reger peut être quand il sourit. »
Le Psalmus Hungaricus de Zoltán Kodály (1882-1967) a été écrit il y a cent ans. « Autant Reger révérait Bach et le passé, autant Kodály révérait ses racines folkloriques, dit Bourque. Il jugeait que beaucoup d’histoire devait être mieux connue, méritait des compositions – faites dans un idiome qui parle aux générations du présent. Il est harmonisé différemment que chez Reger : différentes subtilités, abrupts accords de neuvième, courtisant le blues, le jazz, croustillant. Il y a des sections a capella, on chante ensemble, c’est une danse et chacun a son moment. » Bien que Kodály ne cite jamais directement un chant folklorique dans son œuvre, le thème récurrent chanté par le chœur contient l’essence de la musique folklorique hongroise ancienne. Le texte, d’après le psaume 55 traduit en hongrois par un poète hongrois du XVIe siècle, est porté par le ténor John Mac Master, qui a déjà travaillé avec le chœur auparavant. « Il peut chanter des notes aiguës soutenues, dit Bourque, il a une voix puissante – une voix qui flotte aisément au-dessus de l’Orchestre. Il est un de nos meilleurs heldentenors (ténor héroïque). »
Le concert s’ouvrira avec l’émouvant Psaume 121 d’Imant Raminsh dirigé par Patricia Abbott et chanté par la Chorale de la CSEM et les femmes du Chœur St-Laurent. « C’est un psaume pour réconforter, pour encourager et célébrer, dit Bourque. Raminsh est bien connu dans le monde choral canadien. D’origine lettonne, il est arrivé au Canada au début des années 1950. Il a écrit pour le chœur auparavant et nous avons chanté en première certaines de ses compositions. Sa musique dégage un certain sens du sacré, elle est tellement calme et belle. Il y a quelque chose qui transcende la musique, qui élève l’âme. »
Le Chœur et l’Orchestre du Chœur St-Laurent, dirigé par Philippe Bourque, avec la Chorale de la CSEM et les Chantres Musiciens, interpréteront des psaumes à la Maison symphonique le samedi 11 mars 2023, à 19 h 30. www.choeur.qc.ca
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