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Busoni est un phénomène, un des esprits musicaux les plus fascinants de son époque – le seul pianiste que Mahler considérait comme étant de la même trempe que lui intellectuellement. Sa musique n’est souvent pas à la hauteur de ses idées et on pourrait être tenté de n’y voir aucun intérêt. Il y a cependant, chez Busoni, quelque chose qui retient l’attention, au cas où on en manquerait à la première écoute.
Le Concerto pour piano, paru en 1904, est un bon exemple. Il sonne, en grande partie, comme une longue symphonie – 72 minutes, ma foi ! – durant laquelle le pianiste agit comme une sorte de commentateur sportif, intervenant durant le jeu avec des phrases avisées. Je serais personnellement tenté de l’entendre sans le piano, histoire de voir si la substance se tient d’elle-même.
Le plus gros morceau est le mouvement du milieu, dit « pezzo serioso », d’une durée de 23 minutes, qui réussit à faire réfléchir autant qu’à émouvoir. Kirill Gerstein y a mis son meilleur, ce qui est considérable. Moins tonnant que John Ogdon, plus lyrique que Garrick Ohlsson, il fait penser à un grand esprit cherchant une voie mitoyenne entre romantisme exacerbé et modernisme sobre. Mais il finit quand même par perdre de vue le bout de cette voie.
L’Orchestre symphonique de Boston joue merveilleusement pour Sakari Oramo et les hommes du Tanglewood Festival Chorus vous en mettront plein les oreilles dans le finale réactionnaire. De la demi-douzaine d’enregistrements de cette œuvre que j’ai entendue, celui-ci est de loin le meilleur.
Traduction par Andréanne Venne
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